fb - we proud to be who we are. (aria)

fb - we proud to be who we are.
/w @aria caldwell

les soirées comme on les aime.
le bruit, les verres qui tintent, la musique qui résonne en fond et la danse qui s'insinue en même temps que l'alcool désinhibe. appréciable mélange qui vient grandir au fond du bide.
et c'est naturellement que je me trémousse sur la piste de danse, d'abord abordé par des femmes. gente féminine qui joue les danses lascives pour faire flancher le cœur de l'homme qui a légèrement trop bu.
désolé mes dames, mais ce cœur est déjà pris. par les hommes. amusé par les réactions quand elles viennent susurrer des mots doux à l'oreille et que je rétorque brutalement que je préfère les bites aux chattes... ça pique, ça fait mal.
mais c'est la vérité, et du lino tout cracher. je préfère de loin être honnête que de jouer avec les sentiments des filles. si j'étais une ordure, peut-être que je m'en amuserai mais... même si je suis bien des choses, pas comme ça.
le mot semble passer car je me retrouve bientôt seul sur la piste à danser au milieu de la piste. à croire que c'était surtout pour se pécho qu'on devait danser. la sueur qui perle sur le front, et la fatigue qui vient doucement prendre le dessus.
je pose mon verre sur le comptoir en le poussant doucement vers la barmaid. " une vodka pomme, s'il-te-plaît. " que je crie pour couvrir la musique.
je me retourne pour regarder l'endroit que j'ai laissé, et je me rends compte qu'une nana me pointe du doigt ou bien c'est derrière moi. observe le bar où à part la barmaid qui s'affaire à son taff, il n'y a rien. la vodka tombe, le billet glisse et je sirote doucement mon alcool alors que les murmures et les regards sont toujours tournés vers moi.
qu'est-ce qu'ils me veulent à la fin ?

je décide de tourner le dos à la scène, sans doute est-ce là mon erreur. une main qui se pose sur mon épaule, la serre avec suffisamment de force pour montrer toute l'hostilité. « on va dehors. » je hausse les sourcils, secoue la tête et me défait de la prise. « cool pour vous, les gars. » un léger rire alors que je lève mon verre vers la barmaid pour boire une nouvelle gorgée. mais l'homme insiste, tire sur mon bras, le verre m'échappe, éclate au sol... et mes deux dollars restant viennent de mourir sur le sol.
le regard qui rencontre celui de la grosse brute. « c'est quoi ton problème ? » inutile de vous le dire, c'est moi le problème. et surement ce que les filles lui ont rapporté, les bras croisés qui observent la scène comme si c'était un film au cinéma. les gonzesses... vous voyez pourquoi je préfère les mecs sérieux ? « c'est vrai que t'es pd ? » je feins la surprise, pose une main sur mon cœur comme une dramaqueen. « moi ? » et je ris. « qu'est-ce que ça peut te foutre ? t'es pas mon genre. » cette fois, c'est la phrase de trop surement, le mec m'empoigne à nouveau l'épaule et me force à me lever. il est costaud, mais quand je me retourne pour lui en mettre une, ses potes arrivent à trois de plus. « c'est quoi ça ? vous êtes en train de vous acharner sur moi parce que ? » je recule vers l'entrée du bar instinctivement, je saurais dire si me retrouver derrière serait une sécurité. je connais ce genre de mecs, ce genre de sentiments et cette haine dans le regard... si je pouvais mourir, ils dormiraient sans doute plus tranquille.
le mec s'essuie les lèvres et avance vers moi alors que la barmaid est à quelques pas de moi. « parce que t'es un sale pd, et tu vas payer pour ça. »
payer parce qu'on est gay... je savais pas qu'on avait inventé un nouvel impôt.
mais cette note risque d'être salée. je lève les poings pour me défendre... mais je m'attendais à tout, sauf à cette intervention là.

fb - we proud to be who we are.
/w @lino mancini

Une soirée de plus passée derrière ton comptoir à préparer tes mixtures avec passion. T’aimes bien ça toi, tu te sens l’âme d’un petit chimiste quand tu mélanges les différents liquides pour créer une nouvelle boisson inédite. Tu surveilles les alentours quand les clients au bord de la déshydratation ne se bousculent pas au comptoir. Ça semble plutôt calme — et ça t’ennuie déjà.

Y’a un gars qui débarque, il a l’air d’avoir chaud — tu crois l’avoir vu danser comme jamais sur la piste. Il pousse son verre vide vers toi. "une vodka pomme, s’il-te-plaît." Tu hausses un sourcil un peu jugeur. "T’es sérieux?" Bon, t’es pas là pour juger normalement. Mais t’es pas une barmaid comme les autres. T’es pas extra polie, t’adhères pas au principe du client roi. Tu fais ton bout de chemin comme tu l’entends et si on n’est pas content, on n’a qu’à te virer. Mais souvent, ton charisme et ton naturel attire les clients et rapporte gros dans les caisses, alors on se contente de te sermonner par moment et puis c’est tout — et ça te va très bien comme ça. T’as passé ta vie à te faire engueuler parce que tu faisais pas ce que les autres attendaient de toi — un peu plus ou un peu moins, ça changera pas grand chose. Alors tu lui sers son verre — même si sa demande est pourrie, il aurait pu commander un truc que tu te serais amusée à préparer, histoire de te divertir un peu. Il reste au comptoir le siroter, sûrement en train de prendre une pause avant de retourner danser. Toi, tu continues ton taf, tu sers quelques autres personnes.

Mais l’interaction attire ton oeil. Un autre gars qui lui tient l’épaule. T’entends pas trop ce qui se dit mais, tu sais par expérience que ça peut dégénérer à n’importe quel moment. Ton client lève son verre vers toi, il a du voir que tu surveillais de loin. Et puis l’autre gaillard lui tire davantage le bras et il renverse son verre qui éclate au sol. Le bruit est discret, couvert par la musique. Mais tu reviens vers la scène pour être témoin du reste. "c'est quoi ton problème ?" "c'est vrai que t'es pd ?" Tu fronces les sourcils. T’aimes déjà pas la tournure que prend cette 'discussion'. Lui, il joue les drama queens en mode coup de théâtre, main sur le coeur. "moi ?" Il rit, et faut dire qu’ça te fait un peu rire aussi. "qu'est-ce que ça peut te foutre ? t'es pas mon genre." T’esquisses un petit sourire en coin discret — t’aurais pu répondre la même chose, avec cette même ferveur, si t’étais à sa place. Et t’aurais eu des problèmes aussi, probablement. Le gars qui cherche la merde le force à se lever et ni une, ni deux, ton client lui colle une droite. Ah ! T’avais bien senti que ça allait partir en couilles !

"c'est quoi ça ? vous êtes en train de vous acharner sur moi parce que ?" Tu sors de ton comptoir pour t’approcher un peu du client qui se fait agresser. "parce que t'es un sale pd, et tu vas payer pour ça." Là, c’est la phrase de trop. Tes longs cheveux bleus qui pendent dans ton haut passent au premier plan pour le client et c’est ton tour de coller une droite à l’autre con. "Tu t’prends pour qui espèce de sous-merde?" Tu fais craquer tes phalanges, prête à dégainer. Mais non, il semble un peu frileux de t’affronter. "J’frappe pas les meufs moi." Tu fais la grimace. "Tu m’diras, ça me facilitera la tâche. Parce que moi, j’frappe les mecs." Et tu lui assènes un autre coup droit, en plein dans le nez. Il attrape ton poignet et tu lui balances ton genou au niveau de l’entrejambe. Coup classique mais efficace, qui le fait se plier en deux. Et là, c’est la déclaration de guerre. Ses potes se dirigent vers ton client initialement visé pour le prendre en grippe. Et toi, tu t’prends un coup par ce débile que t’as frappé plusieurs fois déjà.

Les coups pleuvent, les gens s’arrêtent de danser pour regarder avec la curiosité malsaine humaine que tout le monde a. Et c’est la sécurité, renforcé par deux agents de police, qui viennent tous vous séparer. Tu protestes alors que l’agent te force les mains dans ton dos. "Eh j’ai rien fait moi, c’est eux les connards !" Mais il t’écoute pas, il force tellement qu’ça en vient à te faire mal alors tu finis par capituler et te laisses passer les menottes. Bon, dans un autre contexte, t’as l’habitude… Mais là, t’as le mauvais pressentiment qu’tu vas pas passer le même genre de nuit. Et tu lances un regard à ton client pour le voir se faire menotter également. Fais chier.

fb - we proud to be who we are.
/w @aria caldwell

et la surprise.
même si je m'attendais à être passé à tabac, à mourir sous les coups... pourquoi pas après tout ? d'autres sont morts pour moins que ça. pour une clope, pour avoir été juste là... alors bon, on se sent prêt à tout quand on est diabolisé, méprisé... soit disant différent des autres.
l'ignorance, la peur... ça se lit autant que je leur haine nourrit par des années de méprises. des siècles. des millénaires... car dans la bible, il y a une histoire courte mais là, écrite dans le sacré, un centurion demande l'aide de jesus pour sauver son petit-ami (esclave de surcroit) et jesus l'aide... tout simplement. comme n'importe qui d'autre.
on a oublié l'amour et l'altruisme au profit de la peur et du conformisme.

enfin, presque.
ce on n'englobe pas tout le monde.
et cette barmaid semble ne pas en faire partie.

la scène qui se passe sous mes yeux est irréelle. si je subis des aprioris, j'en ai apparemment aussi. jamais je n'ai vu une nana aussi forte et détendue à l'idée de se battre pour sauver un inconnu et défendre des principes qui ne devraient même pas être défendus, mais banalisés.
je la regarde un peu comme ahuri, avant de me rendre compte que sa venue ne fait qu'empirer les choses, pourtant je me résous pas à lui demander de s'en aller, de fuir.
parce que je ne suis plus seul.
et les coups pleuvent, et dans tout ce bordel, j'essaie de la défendre. de la protéger de poings, des pieds. et malheureusement, j'en donne aussi... à mon tort, mais à raison sur l'instant t. et tout devient du cinéma. les spectateurs qui n'interviennent pas, des caméras qui filment et les insultes qui pleuvent...
voilà pourquoi on se déteste autant. parce que de toute cette histoire, les vilains ressortiront libres, et nous... nous serons rongés par la culpabilité d'être... nous.
si seulement il pouvait comprendre que je suis comme tout le monde, on n'aurait pas à en venir à autant de violence.
la sécurité vient à nous séparer accompagné de la police... putain, quand je dis que j'attire la merde à moi, je mens pas. je lève instantanément les mains en l'air. une chance d'avoir une gueule d'ange, car à part être menotté, je ne reçois aucune autre violence. je me relève, la lèvre enflée et lacérée, du sang coule en léger filet alors que l'arcade saigne également, un bleu prend forme sur la pommette. et j'avoue avec les côtes douloureuses...
la nuit semble devenir longue.
je regarde la jeune femme du coin de l’œil alors qu'elle tente encore de se défendre de ses actions, nos actions. « attends qu'on soit au poste, ça ira. » un sourire douloureux, mais si on reste calme, ça se passera mieux.
parce que faire justice soi-même n'apporte rien, même si c'est réconfortant. et pour avoir eu à faire plusieurs fois à la justice, vaut mieux rester calme.

dans la voiture, j'écoute les informations émises par la radio, les infractions, les besoins d'unités alors que la demoiselle aux cheveux bleus est assise à côté de moi, mains menottées. « merci. » le regard qui tombe dans le sien avant de le détourner, par honte.
honte qu'elle soit mêlée à tout ça, à cause de moi.
et au poste, nous sommes démenottés mais séparés. je la regarde s'éloigner. « calme. » que j'essaie d'articuler sans émettre de son.
l'interrogatoire est rapide, la situation semble être vite comprise. je retourne à ma cellule pendant une heure ou deux... peut-être même trois, ça semble si long. avant d'être relâché avec une mise en garde.

dans la nuit, je lève la tête vers le ciel pour essayer de voir à la lueur si nous y sommes tard, tôt... ou si même le matin pointe son nez. vu l'encre dense, nous sommes toujours au milieu de la nuit. clope au bec alors que le téléphone sort pour répondre à mes suppositions. deux heures quarante-cinq du mat'. la vache.
la porte du commissariat s'ouvre, et je me retourne rapidement, pour éviter toute confrontation nouvelle avec les connards.
mais c'est elle.
la belle étoile tombée du ciel.
la clope qui se cale entre les lèvres, je monte les quelques marches pour la prendre dans mes bras. sans un mot.
tire finalement une latte avant de la relâcher. « ça va ? pas trop malmenée ? »

» (( aria )) experiment on me
» que no sea mañana / aria
» low on self esteem so you run on gasoline (( aria ))
» ghost of the past. / aria