would you rescue me ? (alexander)

would you rescue me ?
/w @alexander blake

quatre jours.
voilà ce qu'il me restait pour l'oublier, oublier le manque qu'il procurait. oublier ses sourires, ses suffisances et ses défis permanents. quatre petits jours pour faire le mort, lui insuffler la même douleur qu'à moi... mais ça devenait plus fort que moi.
chaque fois que le téléphone tournait entre les doigts, je pensais à lui, lui demandais des nouvelles, savoir ce qu'il faisait... et secrètement savoir avec qui il était. quand il ne répondait pas, je regardais les photos sur insta ou celles qu'il m'avait envoyées. et je me perdais dans une contemplation unique où ses yeux rencontraient les miens, et le sourire niais se dessinait sur les lèvres, incapable de l'effacer.
tomber en amour avec un sale garnement qui se jouait de moi, mettait à rude épreuve ma patience. et je me demandais pourquoi je me laissais autant faire, pourquoi je courrais après lui... comment il avait fait pour retourner la situation ? c'est lui qui demandais plus d'attention, lui qui voulait plus de nouvelles... lui qui cherchais à rendre notre relation légèrement plus exclusive.
et maintenant que j'étais pris dans le filet, il semblait se détacher... ou du moins prendre l'ascendant. effrayant.
terrifiant, même.

torse nu sur le canapé à observer le mur face à moi, le téléphone qui tourne entre les doigts, attendant une réponse qui ne vient pas. je ne ferai pas le premier pas, pas ce soir.
et je le jette sur le canapé, me redresse avec une énergie nouvelle. je ne suis pas à lui, il n'est pas à moi.
on doit retrouver nos places... on doit se contenter de ce que l'on s'offre. et je ne suis rien d'autre qu'un mec parmi la foule. il finira par tourner le dos comme tous les autres. et j'ai pas envie de ça.
prenant ma veste en cuir après avoir fait un tour rapide à la salle de bain pour dompter les bouclettes et mettre un coup de parfum, je descends la rue pour récupérer ma bécane et rouler jusqu'à la boite de nuit branchée où les gays se retrouvent, en ont fait leur lieu de rencontre.
clope au bec alors que résonne les basses dans le rue. dernière taffe avant d'oublier l'amour, les sentiments et toutes les conneries du genre.
le casque laisser au vestiaire avec la veste, les boots qui tapent sur les dalles avant de ne plus rien entendre d'autre que la musique techno et les corps qui se frôlent dans des danses endiablées.
sexy.

accoudé au bar en ayant réussi à se frayer difficilement un chemin, je lève la main en demandant un scotch dans le brouhaha ambiant. force d'habitude, le barman acquiesce d'un signe de tête et je souffle en regardant autour de moi.
à quelques mètres, séparés par plusieurs tabourets où gesticulent quelques mecs, le regard croise celui d'un gars comme moi. pas de danse, pas de compagnon, le verre comme seul ami de la soirée.
barman qui sert, la demande de lui chuchoter à l'oreille, le doigt discret dans la direction de l'homme convoité. « il est seul ? » le barman jette un oeil, acquiesce. « sers lui la même chose, tiens. » tendant le billet, et je me mouve jusqu'à lui en esquivant l'euphorie de ces corps qui ne demandent qu'à être approché. glissant jusqu'à lui, le verre qui se pose en même temps que le barman pose le nouveau. « offert. » un sourire taquin à demi dessiné sur les lèvres. « lino ! » que je glisse à son oreille, obligé de parler fort pour passer au dessus de la musique, les lèvres qui frôlent la peau, la main tendue en guise d'une politesse exagérée.