ghost of the past. / aria

ghost of the past
feat @aria caldwell
Les nuits s'éternisaient à chaque fois, consumant à petit feu son énergie et sa force. Brûlant de l'intérieur pour ce que pourrait être sa vie future et ses rêves secrets s'éloignant de jour en jour, Victoria s’immisçait un peu plus dans ses sombres états d'âmes. Des illusions qui la berçaient chaque soir tout en lui promettant un avenir meilleur avec ses espoirs à porter de main. Mais les jours s'enchaînent, les nuits viennent, et le lendemain tout recommence exactement pareil. Sa carrière artistique mise en stand by dans l'attente d'une véritable opportunité qui possiblement ne se présenterait jamais. Espérait-elle réellement obtenir les faveurs d'un de ces hommes dont elle s'attache aux bras, cherchant à se hisser au dessus de sa condition et enfin vivre de son art ? Pour l'instant, seuls les murs des ruelles sombres de la belle Philly abrite ses oeuvres, ses graffitis qu'elle n'ose même pas signer de son propre nom.

La fermeture s'ouvrait, dévoilant son dos nu, pour quitter cette robe pailletée que la brune avait abordé durant la soirée. Un prêt de l'agence d'escort qui tenait à ce que ses filles soient mises en valeur, donnant une fière image et réputation. Derrière le paravent, Victoria se change rapidement pour enfiler son jean et crop top, faisant tomber le masque et révélant cette mascarade. Les filles avaient quitté une à une les lieux, rentrant retrouver leur chez soi réconfortant. Un endroit paisible qu'elle attendait de retrouver également.

C'est alors que la porte de ces vestiaires claqua et elle entendit des talons martelés le sol. Dans un sursaut de surprise, Victoria restait un instant immobile avant de glisser son regard entre les planches du paravent. Cherchant à trouver la silhouette qui venait de pénétrer dans cet endroit jusqu'à présent silencieux. De dos, la jeune fille abordait néanmoins des courbes qu'elle contempla quelques secondes à peine. Ce n'est qu'en sortant de sa cachette, que Victoria aperçu son reflet dans le miroir.

- Aria ? Lâchait-elle dans la surprise tandis qu'elle s'avançait à sa rencontre. Un sourire se glissait de plus en plus sur ses lèvres.- Je sais pas si tu te souviens de moi, ça fait quelques années déjà.

ghost of the past
feat @victoria kostas
Shift au Cavanaugh’s River Deck terminé. Et si tes collègues te souhaitent un à un une bonne fin de soirée ou une bonne nuit et que tu acquiesces silencieusement dans un sourire faussement joyeux, pour toi, la nuit est loin d’être bouclée. Rendez-vous planifié par ton "agence". Tu les considères pas vraiment comme ça cependant. Non, pour toi, t’es indépendante. On t’a proposé un plan un jour et t’as pas refusé — et sans que tu t’en rendes compte, tu t’es retrouvée à avoir une nouvelle boss, des nouveaux collègues, des nouveaux clients. Parfois l’impression de vivre une double-vie. Et même si ton activité d’escort n’est pas forcément un secret d’état, tu ne cours pas les rues à le crier sur tous les toits. Alors, quand le reste du monde pense que tu rentres chez toi pour rejoindre les bras de Morphée, toi, tu foules le bitume pour rejoindre l’agence, que tu considères un peu comme ta prison.

Au moins, quand t’es avec eux, tu penses pas à toi. Quand t’es avec eux, t’oublies le lit froid quand tu rentres, les heures passées à fixer le plafond avec la poudre blanche dans le nez. Tu mets de côté les pensées qui se culbutent dans ton esprit surexcité. Et puis, quand t’encaisses le chèque, t’es bien contente de t’être "sacrifiée".

Mission terminée, tu rentres au QG. Tes talons qui claquent sur le sol, alors que t'as qu'une hâte - te changer. Retrouver tes fringues confortables, ton jean troué, des Dr Martens. Mais y'a une voix qui te coupe dans ton élan, qui te fait relever la tête vers elle. "Aria ?" Elle s'avance vers toi, et toi... t'es bouche bée. Victoria?

"Je sais pas si tu te souviens de moi, ça fait quelques années déjà." Bien sûr que tu te souviens d'elle. Comment tu pourrais ne pas t'en souvenir? Ta première copine. La première fille avec qui t'a sauté le pas. Et de dire que t'as sauté, c'est pas un euphémisme. T'as sauté en plein dans le ravin. Le lendemain, après qu'elle soit partie, tu t'es faite virer. À la rue, Aria - la bisexualité, c'est pas passé auprès de tes parents fermés. "Oui, j'me souviens de toi." que tu réponds simplement, dans un petit sourire discret. "Qu'est-ce que tu fais là?" Pourquoi elle est là, c'est la vraie question. Parce que tu l'as jamais vue ici. Et t'espères qu'elle est pas là pour la raison à laquelle t'es en train de penser là tout de suite.

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feat @aria caldwell
Les images se bousculaient dans la tête de la nouvelle escort-girl, se remémorant sa première et derrière nuit dans les bras de la somptueuse Aria. Demoiselle fougueuse au sourire ravageur qui n'avait pas laissé indifférente la brune, elle était attrayante autant qu’intrigante. Leurs rires se mélangeaient à l'unisson avant que leurs doigts ne se frôlent, cherchant la réaction de l'autre. Puis c'est au beau milieu de la nuit, dans les draps d'Aria, qu'elles se sont perdues dans les bras l'une de l'autre. Une première fois pour la demoiselle, mais pas pour Victoria. Ses gestes maîtrisés s'évertuaient à être les plus doux possibles pour ne pas la brusquer, ne pas l'effrayer. Une nuit douce qui restait à sa mémoire néanmoins, avec un goût inachevé et d'incompréhension. Puis que cette nuit là fût la dernière et qu'elle n'eût aucune réponse par la suite. Le silence des plus pesants de n'avoir été peut être qu'un test, qu'un essai pour voir, pour ressentir. Celui pour être sûre, pour être certaine d'un quelque qu'on ignore. Ce n'était peut-être pas ce qu'elle imaginait et c'est de l'amertume qui s'installait au fond de sa gorge le lendemain. Mais le temps avait fait son oeuvre, bouclant un livre qui n'avait au final jamais commencé.

Alors Victoria s'avançait vers ce fantôme du passé, un sourire sur le coin de ses lèvres et heureuse de retrouver, parmi cette histoire folle dans laquelle elle s'est embarquée, un visage qui l'avait autrefois apaisé.

- Je travaille ici. Tout comme toi, je suppose... Soulignait-elle en visant de sa main droite les vêtements que portaient la demoiselle. - Je ne t'ai pas connu dans ce style-là. Mais les gens changent alors, je voudrais pas m'avancer. Haussait-elle simplement les épaules.

Situation des plus délicates, voire même malaisante. Le silence après cette nuit de frivolités avait laissé la place à tellement de suppositions que Victoria en peine aujourd'hui à toutes se les remémorer. Elle ne lui en voulait pas, loin de là. Chacun fait ce qu'il fait pour des raisons particulières, elle en avait une surement. Et puis, cela remontait aujourd'hui à bien des années que les tensions s'étaient apaisées depuis longtemps, si bien qu'elle n'éprouvait même aucun regret à leur aventure. Mais le fait de la revoir ce soir, cette nuit, par le plus grand des hasards, réveillait en Victoria une curiosité.

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feat @victoria kostas
Quand tu croises le regard de Victoria, t’as l’impression de tomber nez à nez avec un fantôme. Le genre de fantôme qu’on redoute, qui nous donne la chair de poule, une vision d’horreur, et nous fait blêmir. Pourtant, elle n’a pas changé. Elle a grandi, ouais — tout comme toi. Les traits d’adulte un peu plus marqués. Mais elle a gardé ses traits doux, son visage presque qu’enfantin. Et les images et les sensations te reviennent. La douceur de ses lèvres sur les tiennes, ses longs cheveux bruns qui s’emmêlent à tes cheveux bleus, les soupirs sous les draps — la première fois qu’on t’a touchée comme ça. La tendresse que t’avais oubliée sous le poids des quatre années passées à te faire maltraiter. Son regard qui a caressé ta peau par endroit ecchymosée. Sans jamais rien dire, sans jamais rien demander. Elle t’a offert plus que ce que t’aurais jamais demandé cette nuit là — et puis tout s’est effondré.

Explosion familiale, tu t’es faite virer, tu t’es faite tabassée — et t’as décidé de tout envoyer chier. Partie, sans te retourner. Sans jamais la recontacter. À quoi bon? C’était sûrement rien pour elle, plus expérimentée que toi à l’époque, t’as peut-être eu un très gros crush toi, mais pour elle, c’était peut-être juste un coup de coeur passager. De toute façon, c’est pas comme si tu lui avais laissé une chance de le découvrir.

Et là, elle est face à toi, avec son sourire qui illumine son visage. Comme si rien ne s’était passé. "Je travaille ici. Tout comme toi, je suppose…" Quoi? Elle travaille ici? Non, c’est pas possible. Pas après autant d’années, vous pouvez pas par hasard vous retrouver dans un tel contexte. Ça veut dire qu’elle compte rester? Et c’est là que tu te rappelles avoir entendu parler d’une nouvelle recrue. Alors c’est elle, hein? Celle qui fait chavirer les coeurs? Pas étonnant.

Elle fait un signe de la main vers ta tenue. "Je ne t'ai pas connu dans ce style-là. Mais les gens changent alors, je voudrais pas m’avancer." Tu secoues la tête. "C’est pas mon style. J’ai pas vraiment changé. Du moins, pas à ce niveau là." Tu dézippes ta robe que tu laisses tomber sur le sol après être descendue de tes hauts talons. T’as jamais été pudique, et puis au final, c’est rien qu’elle n’ait pas déjà vu. Y’a pleins de nouveaux tatouages depuis, mais sinon, ça reste pareil. Alors tu t’éloignes vers ton casier pour récupérer tes affaires — jean noir craqué, paire de Dr Martens usées, t-shirt trop large que tu noues au niveau de ton nombril. Tu ramasses la robe, la remets sur un cintre et l’accroche dans la penderie de l’agence, suivie par les chaussures à talons.

Tu te sens déjà mieux de t’être rhabillée. Moins vulnérable, dans un sens. Et le truc, c’est que tu sais pas si t’as envie de t’excuser de t’être barrée sans même un texto, ou si tu lui fais la gueule. T’as un peu de rancune — t’as eu tendance à la considérer comme l’élément qui a fait que tes parents t’ont reniée, oubliant alors même la relation que vous entreteniez. Mais maintenant qu’elle est en face de toi, tu sais plus trop comment réagir. "Désolée, j’suis… confuse. J’m’attendais pas à te revoir, encore moins ici. Je sais pas trop quoi te dire. Beaucoup de choses ont changé pour moi après cette nuit là et…" Tu hausses vaguement les épaules. "J’espérais que ça aurait un peu mieux tourné pour toi." Parce que si elle est là, c’est qu’elle a besoin d’argent, non? Pourquoi une fille comme elle tremperait les pieds là-dedans, sinon?

ghost of the past
feat @aria caldwell
Ces souvenirs du passé qui font surface dans sa mémoire, Victoria ne pouvait les blâmer de se manifester après tant d'années. Une histoire qui s'était finie en même temps qu'elle avait commencé. Elle était laissée sans un mot, sans un bruit. Un vague mirage qu'on pensait rêver, qu'on pensait nous manipuler. Des tonnes de tout et de rien mélangé à de l'incertain. Un goût amer qui stipulait que tout est éphémère. Rien de plus et rien de moins. Une nuit laissée en suspens à la lumière des étoiles resplendissantes. Des souvenirs qui s’estompaient mais marquaient la peau. En vrai, de l'incompréhension qu'on finit par oublier par le silence des années. Victoria ne s'était pas douée, ne serait-ce un seul instant, du drame que son amante avait vécu le lendemain. Une fois parmi tant d'autres, elle s'était dit que ce n'était qu'un jeu, qu'une expérience. Cet abeille qui butinait de part et d'autres. Victoria était cette fleur, la première peut-être, celle qu'on ne revoit pas. Enfin, le temps avait fait son oeuvre, estompant ce goût acre de ce qu'elles auraient pu être, ce qu'elles n'avaient jamais été et ne seront probablement jamais, si ce n'est le souvenir d'une nuit divine.

Aria, voilà qu'elle se tenait face à elle, dans ses talons à se briser la cheville, se déchaînant pour retrouver sa propre identité. Si les traits marquaient les années passées, elles ne changeaient en rien sa beauté et ce visage qui l'avait fait chavirer. Les voilà toutes les deux, l'une face à l'autre, se découvrant dans le même milieu, celui-là même qu'elles auraient peut-être préféré taire. Clairement, ce n'est pas une révélation que Victoria arpenterait dans les rues, aux oreilles les plus vicieuses. Possiblement aussi surprise que la demoiselle de se retrouver en de telles circonstances après tant d'années, les mots s'échappèrent maladroitement. Aria dézippait sa robe jusqu'à ce qu'elle rejoigne ses chevilles, dévoilant les parcelles de son corps qu'elle avait autrefois exploré. La nouvelle recrue tournait instinctivement le regard dans une autre direction. Même si ses fins doigts avaient scrupuleusement filé le long et sur chaque parcelle de son corps, Aria méritait le respect de son intimité.

Alors qu'elle s'avançait, déviant de son champs de vision pour récupérer le reste de ses affaires, Victoria en fit de même en ramassant les quelques bricoles qui traînaient devant sa coiffeuse, y compris son téléphone portable en charge. La brune aurait pu filer en douce, s'échappant de ces retrouvailles pour le moins embarrassante avec cette fille qui l'avait charmé avant de s'évaporer, et pourtant, ses doigts naviguèrent sur son téléphone, comme pour gagner quelques précieuses secondes. Des secondes suffisantes pour qu'Aria refasse surface, changée comme elle l'avait autrefois connu. Un sourire se glissait sur le coin de ses lèvres, scrutant un instant sa personne de haut en bas.

- Je dois avouer que je suis dans le même état. Se confessait-elle, laissant tomber son téléphone portable dans son vaste sac à main avant de se tourner vers la demoiselle. De quel changement parles-tu ? Est-ce la raison pour laquelle tu ne m'as jamais rappelé ? Soulevait-elle.

Victoria n'a jamais vraiment tourné autour du pot et leur histoire remontait à bien trop des années pour se laisser aller à ces futilités de sous-entendus que personne ne comprend jamais, surtout pas elle.

- Oui. Parfois... Les projets ne se déroulent pas comme prévu. Ajoutait-elle simplement pour expliquer la raison de sa présence dans cette entreprise, en tant qu'escort girl.

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feat @victoria kostas
Tu te défais de ta tenue de lumière, fille de la nuit bien trop sexy comparé à ta version quotidienne. Tu le fais devant elle, fantôme du passé, puisqu’elle a déjà tout vu et que tu n’es de toute façon pas pudique. Tu rassembles ensuite tes affaires restantes, prête à quitter ce que tu considères comme une antre.

Finalement, tu lui avoues que tu n’sais pas trop quoi lui dire. T’as été prise de court, tu t’attendais pas à la revoir, du tout. "Je dois avouer que je suis dans le même état." Tu lui dis vaguement que bon nombre de choses ont changé depuis votre nuit torride. Et puis, t’aurais préféré ne pas la voir ici. Escort? Elle? Mais pour quoi faire?

"De quel changement parles-tu ? Est-ce la raison pour laquelle tu ne m'as jamais rappelé ?" Ah. Les pieds en plein dans le plat, visiblement. Tu n’sais pas trop comment lui répondre à ça non plus. Est-ce que tu lui dis la vérité? Est-ce que tu lui racontes tout? Ou tu restes évasive?

"Oui. Parfois... Les projets ne se déroulent pas comme prévu." qu’elle répond à ta deuxième remarque, avant même que tu ne te décides à répondre à la sienne. "À qui le dis-tu…" que tu soupires légèrement en levant les yeux au ciel.

Et puis finalement, tu décides de parler — parce qu’à quoi bon garder tout ça pour toi? C’est pas un secret dans ta vie, ça devrait pas l’être our elle non plus, juste sous prétexte qu’elle est à l’origine de tes malheurs — dans une certaine mesure. "Tu te souviens que ma mère nous a surprises, ce soir là?" Oui, t’es sûre qu’elle s’en souvient — vous étiez embarrassées sur le moment, puis vous en avez ri, puis vous avez repris vos caresses de plus belle, à effacer cette mésaventure dans d’autres baisers volés. "T’es partie le lendemain matin. J’suis allée en cours, et puis quand j’suis revenue le soir… j’avais toutes mes affaires dehors. Ils m’ont virée d’chez moi, Victoria. J’les ai plus jamais revus depuis ce jour là." Tu détournes rapidement le regard avant de rependre une inspiration. "Et puis bon, tout ce qui s’est passé après ça… c’était pas très glorieux non plus." Disons que la vie ne t’a pas fait de cadeau. Ou p’têtre que parfois, tu l’as un peu cherché aussi. À croire qu’tu méritais pas le bonheur, tu méritais pas de bonnes choses. L’auto-destruction, t’as vite appris à la maîtriser.