so why are you so present?

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feat @lola ortega et @elias kerr
Ça ne devait être qu’une soirée rapide, de quoi prendre des nouvelles et prendre un petit verre. Ça ne devait pas se terminer dans un bar avec bien trop d’alcool dans le sang. Elias entend ses tempes battre dans sa tête, ça résonne au point de ne même pas pouvoir écouter ce qu’on lui dit. Il a le sourire jaune, Elias. Il est présent sans l’être. L’alcool devait avoir un effet positif, et pourtant il est incapable de se sortir de cet état de transe ingérable. Le cœur lourd, il aurait mieux fait de rester chez lui. Mais avec les voyages de l’équipe et les entraînements, il ne voit jamais ses potes. Ils ont tous insisté pour qu’il soit là, et ils étaient tous ravis de le retrouver. De le voir sourire. De le voir sans femmes, juste aux côtés des amis. Elias était même surpris lui-même d’y arriver. Il a pris donc un verre, puis deux. Puis un autre, puis autre chose. Tout s’est mélangé. Son genou lui faisait mal avant de partir, donc il n’a pas fallu grand-chose avant que tout se mélange et qu’il perde pied. Perdu dans la soirée, entre les verres et les regards étranges. On le plaint ou on l’admire ? Elias ne sait même plus. Il tourne autour des tables, il cherche un endroit où s’arrêter pour que sa tête ne frappe plus si fort. Il passe une main sur son front, il sent la chaleur monter et la sueur couler doucement le long de sa joue. Une secousse dans sa poitrine, comme un battement manqué. Elias redresse les yeux et cette fois c’est sûr, son cœur s’arrête. Il aurait juré être bloqué là pendant des heures tellement le choc fut rude. A quelques pas de lui, cette jeune blonde qu’il a longtemps pensée comme la bonne accroche son regard. Lola. Ça résonne dans son esprit. Lola. Deux ans qu’il essaye de l’oublier. Deux ans qu’il fait tout pour qu’elle le remarque, sans que ça ne fonctionne jamais. Deux ans qu’elle est avec un autre homme et qu’ils ne se parlent plus. Elias a déchiré son cœur, et elle l’a fait à retardement. Il n’a jamais compris qu’il tenait à elle avant qu’elle ne décide de partir, d’arrêter les frais d’une relation malsaine et qui la rendait triste. Elias ne se rendait même pas compte. Et pourtant, c’était de l’amour. Le vrai. L’ultime. Celui qu’on n’oublie pas et qui nous hante. Celui qui brise une vie. Retrouvant son souffle peu à peu, Elias passe une main sur ses yeux. Une seconde, et voilà qu’elle est partie. Soudain pris d’une nouvelle énergie, il marche à travers le bar pour la retrouver. Il bouscule les gens, il oublie la chaleur et son genou qui lui faisait mal. Il n’y a plus qu’elle qui compte. Il faut la trouver, lui parler, la récupérer. Voilà pourquoi Elias a refusé d’aller à toutes les soirées où elle pouvait être, voulant à tout prix éviter de se faire plus de mal qu’elle n’en a déjà fait. Il panique, cherchant la belle blonde partout. Et lorsqu’enfin il la reconnait de dos, il ne peut pas s’empêcher de rester derrière elle. Le regard porté sur ses cheveux. Le nez gonflé de son odeur. Il n’a rien oublié, Elias. Et il n’oubliera jamais. « Lola. » Un murmure couvert par la musique, mais quatre lettres qui résonnent depuis trop longtemps maintenant.

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C’est le brouhaha qui l’agace. C’est les sourires de façade et les fausses accolades chaleureuses. C’est les notes rythmées de tubes commerciaux, qui étouffent les conversations à moitié articulées. L’alcool coule à flot, empoisonne les veines, les regards. Les langues se délient et se lient, à l’image de valses sensuelles. Quelques-uns se risquent sur une piste de danse improvisée. Un spectacle qu’elle observe, les jambes croisées, sur une des banquettes du bar. Ses doigts enserrent un cocktail au nom extravagant, au goût tout aussi insolite. L’imposant bras de Tobias trône autour de ses épaules comme un poids mort. A l’image d’une chaine, il la garde en place, à côté. Un trophée parmi la foule. Sa Lola. Belle et scintillante. Immaculée, ce soir. Le derme dénué d’empreintes violacées, de traces qui font hausser les sourcils et suscitent quelques interrogations. Lola, elle ment comme elle respire. Elle a trébuché, qu’elle dit. Elle s’est cognée, contre une stupide porte de placard. Des bobards qui glissent facilement sur sa langue, accompagnés de lèvres pincées et de prunelles levées au ciel. Mais Lola, elle est agile, précise dans ses gestes. Le pinceau caresse le papier, quand elle peint. Les traits sont réguliers et fins, et ses mains jamais tremblantes. Alors, elle joue l’ingénue, se protège sans vraiment le faire. Parce qu’il recommence, encore et encore. Et la cage dorée se rétrécit, comme un étau, autour d’elle, sans qu’elle ne puisse rien y faire. Un soupire passe ses lèvres. La soirée s’éternise, les esprits s’agitent. L’ultime goutte de son cocktail roule le long de sa gorge. Elle murmure à l’oreille de Tobias qu’elle va au bar se resservir. Elle traverse la salle, se heurtant aux différentes silhouettes, jouant des coudes pour se faufiler un chemin jusqu’au comptoir. D’un simple regard, elle interpelle le barman et commande sa boisson. Il dépose un verre coloré aux effluves sucrées devant elle. Puis il y a cet étrange sensation à la base de sa nuque. Des petits picotements, qui lui traversent lentement l’échine, qui la font frissonner. Et quand elle se retourne, et que ses prunelles se posent dans celles d’Elias, le temps semble presque figé, suspendu. Il lui faut une minute ou deux, avant que les ombres n’ondulent de nouveau autour d’eux. Trois ou quatre, avant qu’une fausse indifférence remplace le choc dans ses iris. Deux ans qu’ils se sont vus et parler. Deux ans, qu’elle tente de ramasser les morceaux de son palpitant dans les bras d’un autre homme plus dangereux encore. Elle déglutit, et se redresse dans un espoir vain de se donner de l’assurance. – T’es sur mon chemin, qu’elle lance finalement, le sourcil arqué, la main attrapant délicatement son verre.

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C’est l’alcool qui agit ce soir, sans qu’Elias lui-même ne puisse rien contrôler. Il a longtemps imaginé ce qu’il allait faire, s’il tombait sur Lola après toutes ces années. Après toutes ces blessures. Ce qu’ils ont vécu était fort mais Elias a refusé de l’admettre, à l’époque. Il jugeait qu’il était trop jeune pour se lancer dans tant de sentiments, et qu’il ne pouvait être assez sérieux pour elle. Lola le faisait rire, elle était belle dans ses bras. Ses formes se calaient parfaitement avec celles d’Elias, et ça semblait être destiné pour durer. Mais les soirées s’enchaînaient, les mensonges remplaçaient peu à peu les rires et il n’a pas fallu bien longtemps avant que tout explose. Elias n’a rien compris, c’est tombé d’un coup. Le premier mois après la séparation, il riait avec ses potes d’avoir vécu une crise. Il se fichait de l’importance que Lola lui portait. Mais dès qu’il a appris qu’elle était de nouveau avec quelqu’un – et que c’était sérieux – son cœur s’est brisé dans sa poitrine. Il se souviendra toujours de ce moment. Une amie en commun qui ne supportait pas les grandes tirades trop fières d’Elias, et qui l’a remis à sa place. ‘Sauf qu’elle a quelqu’un maintenant, sale con !’ Les mots résonnent encore, les fragments de cœur ne sont toujours pas ressoudés. C’est l’alcool qui mélange tout ça, qui rappelle les bons moments aux belles couleurs pour les achever en noir et blanc. Un film dont la fin laisse à désirer, un film qu’il faudrait jeter. Plus que tout au monde, Elias voudrait que ses sentiments s’éteignent à jamais. Tant la culpabilité, que le manque, que la passion ; que l’amour. Il voudrait tout effacer pour ne jamais plus se sentir si con face à Lola. Elle croise son regard, verre à la main. Elle s’arrête là, à quelques centimètres de lui. Il a la tête baissée, Elias. Il ne bouge pas. Ses lèvres se sont activées pour murmurer son prénom mais c’est tout ce qu’il arrive à dire. Bougonne, elle grogne qu’il est sur son chemin. Elias n’ajoute rien, incapable de faire plus. Ses bras sont balans sur le côté de son corps meurtri par l’alcool et la fin du match. Ses pupilles sont dilatées, bien qu’il ne manque pas de reluquer les formes de cette si belle femme qu’il a eu longtemps contre lui. Ça réveille des folies, des pulsions, une passion. Il ne s’en sort pas, passant une main sur son crâne pour tenter de se réveiller. De quitter l’emprise de l’alcool. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Il demande, un peu trop fort à travers la boite. Il la suit si elle s’éloigne, il s’arrête si elle s’arrête. Comme un pantin qui ne sait plus comment agir, face à quelqu’un qui a tant d’emprise sur lui. « T’es seule ? » Un élan de lucidité, pour espérer ne pas tomber sur le mec avec qui elle est depuis qu’ils se sont séparés. Depuis l’explosion. Depuis que le monde entier d’Elias est tombé à la renverse.

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Le verre est froid contre sa palme. La condensation se forme, roule le long de ses doigts, alors que ses prunelles ne font qu’un tour dans leurs orbites en entendant sa question. – Ce qu’on fait généralement dans un bar. Le sarcasme, non dissimulé, teinte sa réponse et un faux sourire étire brièvement le coin de ses lèvres. Le rythme d’un énième tube commercial comble les quelques instants qui séparent la première question d’Elias, et la deuxième. Son regard se pose dans les billes sombres du jeune homme, et s’y attarde. Une nostalgie l’enlace furieusement. Les souvenirs dansent dans sa mémoire. Un tango enflammé de bons et mauvais moments, de rires et de pleurs, de mains calleuses au creux de ses reins, des morceaux brisés d’un coeur en miettes. Mais Lola, elle se réveille d’une transe passagère quand ses lèvres s’articulent. Ses iris s’égarent alors dans la foule, tentent de deviner la carrure imposante de Tobias derrière les ombres qui ondulent en rythme. Leur table n’est pas loin, et ce serait si simple pour lui de repérer Lola, au bar, en compagnie d’un homme qu’il ne connaît pas. Les excuses diverses se bousculent déjà dans sa tête. Il voulait juste accéder au bar. Non, j’le connais pas. Des mensonges en cascade pour masquer une vérité indéniable. Elle reporte ses yeux sur Elias, avant de prendre une rapide gorgée de son cocktail. L’alcool brûle sa course le long de sa gorge. Il y a une certaine vulnérabilité, maintenant, dans ses pupilles. Une sorte de peur de l’après qui l’angoisse fortement. Pourtant, elle se reprend, se redresse une nouvelle fois, se racle la gorge, et s’impose une façade, un masque, comme si cet échange n’était qu’une partie de poker bien rodée. Parce qu’Elias, il la connaît comme le fond de sa poche. Le moindre soupçon de quoique ce soit, et il s’imposera, s’accrochera jusqu’à ce qu’elle s’ésouffle. Un – non étouffé par le bruit ambiant s’échappe pour répondre à la question. Non, elle n’est pas seule. Non, il n’est jamais loin. Elle s’avance vers lui les lèvres pincées. – Tu devrais rentrer chez toi, tu ressembles à rien, qu’elle murmure finalement, après un rapide coup d’oeil à son apparence quelque peu misérable, à ses pupilles complètement dilatée, aux effluves d’alcool qui émanent de lui. Elle le dépasse, leurs épaules s'effleurent délicatement, alors qu’elle prend une direction opposée à celle de la table qui l’attend. La direction est floue, suffisamment loin du fond du bar pour qu'ils se fondent dans la masse. Elle sait pertinemment qu’il la suivra. Et Lola, elle n’est pas assez stupide pour tendre le bâton qui la battra.

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Il a mis des semaines à comprendre, Elias. Une dispute de trop, une explosion de battements hurlants au désespoir de la situation et pourtant, il n’y voyait toujours pas clair. Impossible d’ouvrir ses pupilles sur la situation, impossible de voir à travers les maux virulents de la belle blonde. Impossible de se rendre compte que ce qu’ils vivaient, c’était des perles d’amour dissimulées derrière un ramassis de mensonge, et de non-dits. Ils se sont voilés la face, tous les deux. Et lorsque Lola s’est rendue compte que ça allait trop loin, elle en a parlé. Elias ne voulait rien savoir, lui. Il ne voyait que l’amitié cachée, que les jolis moments et ne voulait pas du reste. De l’implication. Des sentiments. Des devoirs. Non, Elias se concentrait sur sa carrière et sur toutes ces femmes qui lui courraient après. Il était devenu une figure du football, il grandissait et ça lui plaisait. Il était le roi, elles étaient les princesses. Elles venaient sans frapper, juste vêtues d’un sourire. Et elles ravageaient tout sur leurs passages. Pourtant, une fois que Lola a hurlé et qu’elle a claqué la porte violemment derrière elle, plus personne n’avait le même goût. Tout semblait fade et vide, tout semblait se perdre de sens. Elias n’a pas compris tout de suite ce que ça voulait dire. Il n’a pas vu que c’était elle, qui donnait le goût à tout. Il l’a laissé partir, elle s’est accrochée à un autre et Elias s’est retrouvé seul avec sa malédiction ; ne plus trouver aucune femme à la hauteur. Ces derniers temps pourtant, il avait essayé. Il arrivait à l’oublier. Mais le destin fait si bien son travail, que son cœur s’arrête en plein milieu de cette soirée. Alcool et explosion, musique assourdissante qui prend les tripes. Elias s’approche, bancal par ses mots. Il s’impose face à cette blonde dont il a tant rêvé, celle qui a hanté ses deux dernières années comme personne. Son passé maudit. Et elle s’en moque, la belle. Elle est attendue. Elias entend ses mots à moitié, il n’a pas envie de les entendre. Elle est là pour boire, pour sortir, pour profiter. Et avec quelqu’un d’autre. Il lève la tête, cherche la figure de cet idiot qu’il n’a vu que sur ses photos. Mais il ne voit rien, ses iris sont troublées par la vodka. Troublés par la réalité de l’instant. Un moment d’égarement, et Lola s’éloigne. Bêtement, Elias fait demi-tour et suit cette épaule qui vient de frôler la sienne. Il aimerait prendre sa main, attraper ses hanches et la faire valser partout dans la soirée. Il aimerait retrouver le goût du bonheur, le goût de ses lèvres. Celui qui le fait vibrer, comme presque personne ne l’a encore fait. Mais au lieu de ça, il se contente de la suivre. De marcher entre les danseurs, poussant des épaules lorsqu’elles sont sur son passage. Il n’y a qu’elle qui compte. Toujours, jamais. Lorsqu’enfin ils ralentissent, Elias attrape le bras de Lola pour l’avoir face à lui. Ses pupilles, ses joues, son visage. Elias n’en ferait qu’une bouchée. « Tu t’inquiètes pour moi ? » Qu’il demande, naïf. Un pantin dans les mains de sa plus sévère maîtresse.

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La large palme contre son derme l’arrête. Des doigts calleux enroulés délicatement autour de son bras. La poigne est lâche, presque détendue. Il n’y a aucune force, seulement l’envie de la retenir, pour la retenir. De lui parler, pour lui parler. Pourtant, Lola, elle s’ancre dans le sol, l’échine droite, les paupières closes. Une inspiration remplit ses poumons d’un air nécessaire. Les vibrations qui émanent des enceintes lui rappellent où elle est. Que Tobias est assis quelque part au fond du bar. Que la main appartient à Elias. Que ses phalanges ne laisseront aucune trace sur sa peau immaculée. Qu’il n’y a que cette fine robe qui l’habille ce soir, assortie d’un sourire faussement placardé sur son visage. Et non une dizaine de bleus. Une seconde inspiration, et quelques épaules qui la bousculent. Une troisième, et un retour abrupt à la réalité. Elle rouvre les paupières, dégage son bras dans un mouvement brusque, avant de se retourner. La foule les entoure. Les silhouettes s’agitent dans un coin de son œil, et se confondent pour n’être qu’une multitude d’ombres sans importance. Son regard accroche celui du footballeur. Il est grand Elias. Il en impose avec sa carrure impressionnante. Il y avait une certaine sécurité à se blottir contre lui, à être étreinte entièrement sans avoir peur de tomber dans un précipice immense. Parce que leur relation, c’était un tango dangereux au bord de falaises rocheuses. Ils tanguaient, effleurant le vide à coup de mensonges et d’un déni bien rôdé. Et Lola, elle s’en contentait, au début, de cet amour à sens unique. Se jouait du bord où le fond n’était que sombre et apeurant. La naïveté teintait les attentions, les mots doux, la petite voix qui murmurait que ça irait. Puis un jour, elle a claqué la porte, elle s’est laissée tomber pour s’évader, s’échapper d’une relation qu’elle ne vivait que toute seule, finalement. Mais Lola, elle a rien perdu de sa naïveté et des faux semblants. De cette voix, qui la persuade que les choses changeront. Et parfois, alors qu’elle s’endort contre Tobias, elle se languit des bras d’Elias, de cette protection qui la rendait bien. Elle s’avance de quelque pas, suffisamment pour sentir la chaleur émaner d’Elias. Suffisamment pour que leurs corps se frôlent. Ses iris s’attardent sur chaque détail de son visage, comme si elle les découvrait pour la première fois. Et doucement, telle une plume de soie, son index trace le contour de la mâchoire d’Elias, de sa nuque. – T’aimerais bien, hein ? Question rhétorique balancée d’un sourire presque moqueur. Elle s’approche un peu plus, pressant finalement son corps contre le sien, s’élevant sur la pointe des pieds, posant une main sur l'épaule du jeune homme pour appuie. – Pourquoi est-ce que je m’inquièterais pour quelqu’un d’aussi peu important que toi ? Qu’elle murmure dans son oreille, son souffle chaud débitant des vérités, s’écrasant comme un marteau pour taire ce petit jeu qu’elle refuse de jouer.

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La soirée s’est arrêtée quand il l’a vu. Au milieu de la foule, elle semblait briller. Elle se démarquait, comme elle l’a toujours fait. Elias a mis du temps à s’en rendre compte, et il ne l’a même compris que lorsqu’elle est partie ; mais il sait aujourd’hui la place qu’elle prend et l’aura qu’elle dégage. Il tente, en vain, de retrouver ça chez une autre. Il erre entre les cuisses fermes de ses conquêtes, à la recherche de celle qui lui fera juste un énième de ce que Lola lui faisait ressentir. Pendant un temps, il s’est persuadé que ce n’était que de sa faute. Que l’échec de cette relation contrôlait la suite de sa vie. Il s’est aussi dit que c’était parce qu’elle était en couple, de nouveau avec quelqu’un qu’elle semble aimer – alors qu’il n’arrivait même pas à garder le prénom de toutes ces filles qu’il avait contre lui. Il s’est donné bien des excuses, sans jamais trouver celle qui lui rendra son sourire franc. Pas celui qu’il affiche devant tout le monde, pas celui qu’il garde pour les soirées mais bel et bien celui que Lola accrochait sur son visage dès qu’elle entrait dans la pièce, dès qu’elle embrassait ses lèvres, dès qu’il l’attrapait par les hanches pour la coller contre lui. Elle représentait l’amour, sans qu’il n’en ait conscience et sans qu’il ne sache le chérir. Aujourd’hui, c’est trop tard. C’est dans le passé que cette histoire vit, et Lola est bien claire sur le fait que ça doit le rester. Elias le sait, mais l’alcool parle à sa place ce soir. Les effluves de vodka contrôlent son esprit et ce qu’il dit, ce qu’il fait, ses actions. Il marche vers elle comme un vulgaire pantin, il l’attrape comme s’il en avait le droit. Si son mec venait, Elias sait bien qu’il ne ferait pas le poids. Non pas, parce qu’il ne sait pas se défendre et n’a pas les muscles pour, mais juste parce que le liquide dans ses veines n’est plus que du sang. Il s’est éclairci, à force de terminer les verres. A force de croire que ça allait le sauver, le sortir de toutes ces situations pourries dans lesquelles il s’est mise. A force de croire que ça allait lui redonner ce fameux sourire. Yeux azurs, plantés dans les siens. Un réveil, une attraction. Elias avale sa salive à mesure qu’elle se rapproche, et sent ses doigts contre sa peau. Frissons fougueux, à travers son épiderme. Explosion des sens, sans qu’il ne puisse le contrôler. Elias est à sa merci, dirigé par les flux de la soirée arrosée. Lola s’approche, glissant son corps contre lui. Il le sent, incapable de bouger. Capturé par ses yeux clairs et ses envies farouches. Elle murmure quelques mots qu’il ne comprend qu’à peine. C’est le flou dans son esprit, sans ses pensées, dans sa nuit. Elle le manipule, et il ne voit rien. Il ne sent que ses doigts dans sa nuque, ses courbes contre son torse, la pression du passé qui retrouve le temps présent. Une phrase en suspens, Elias ouvre les lèvres mais rien n’en sort. Il hésite, il s’ancre dans le sol et dans le silence. Une main glisse contre la hanche de Lola, puis dans son dos. Il la serre contre lui, comme dans un nouveau tango. Il ne bouge toujours pas, écoutant juste son cœur battre assez fort pour qu’il le sente sous le contact de leurs corps. Ce que ça veut dire ? Elias n’en sait rien. Ses mots, ses actions, ses sentiments ; tout se mélange. Légère odeur âpre derrière la défaite, une petite victoire. « T’es une piètre menteuse, Lol. » qu’il ajoute, mordant certaines lettres au passage. Incapable de faire mieux. Un regard, une proximité. Sa main dans sa nuque, glissée doucement dans ses cheveux. Ils sont si proches qu’ils sentent leurs respirations fortes, saccadées, brûlantes. Mais ce n’est qu’un mirage, caché par la fumée des machines. Ce n’est qu’un arrêt sur image, loin de leurs réalités respectives.

» Pourquoi c'est quand faut profiter du présent que j'ai des absences ?